Mois sans tabac : l’appel de 72 experts pour la réduction des risques

Alors qu’en France, le mois de novembre c’est le mois sans tabac, 72 experts du monde de la santé et de la tabacologie ont lancé un appel aux Nations Unies pour faire évoluer la convention-cadre de l’OMS pour la lutte contre le tabagisme, afin d’y inclure une part accrue à la réduction des risques, considérée par les signataires comme moyen le plus efficace dans la lutte contre le tabac.

Les 72 experts, pour la plupart des médecins et des chercheurs spécialisés en tabacologie et en addictologie, réclament à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’inclure le principe de « réduction des risques » dans sa convention-cadre  pour la lutte contre le tabagisme. Ils estiment que ce principe fait désormais l’objet d’un large consensus au sein de la communauté scientifique, et qu’il s’agit de la meilleure stratégie pour réduire les morts et les maladies liées au tabac.

Le concept de « réduction des risques », né dans les années 1980 avec l’apparition du SIDA et les contaminations de toxicomanes par l’utilisation de seringues infectées, s’est généralisé au cours des trente dernières années selon le principe qu’il est plus efficace d’accompagner les usagers de pratiques à risque pour réduire l’impact sur leur santé, que de mener des politiques répressives.

Du champ de la toxicomanie, la réduction des risques s’est propagée à la sexualité (distribution de préservatifs), l’alcool au volant (mise en avant des capitaines de soirée), mais aussi à la lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme. Si les experts en addictologie ont adopté le principe de la réduction des risques depuis longtemps, les politiques publiques de santé n’en sont qu’à leur balbutiement.

C’est notamment le cas du Mois sans tabac en France, une initiative qui s’inscrit pleinement dans la logique de réduction des risques puisqu’il s’agit d’une approche positive et déculpabilisante, qui tend à montrer les effets positifs de l’arrêt du tabac, à mettre en avant les alternatives moins nocives, sans dramatiser la reprise de la cigarette.

L’appel des 72 va dans ce sens. Les signataires réclament que l’OMS « adopte une approche plus positive à l’égard des nouvelles technologies et des innovations qui ont le potentiel d’amener l’épidémie de maladies liées au tabagisme à une conclusion plus rapide ». Et donc que l’agence onusienne puisse inclure dans ses programmes les alternatives au tabac (patchs, gommes, cigarettes électroniques et tabac à chauffer) plutôt que d’y montrer une opposition de principe.

Une volonté de limiter l’impact négatif du tabac, qui est essentiellement lié à la combustion du tabac et du papier, qui génèrent des émissions de charbon et d’autres produits toxiques. Les alternatives à la cigarette demeurent nocives, reconnaissent les signataires, mais à des degrés bien moindres, ce qui en fait des solutions adaptées aux fumeurs ne pouvant pas ou ne voulant pas arrêter totalement le tabac.

« Les utilisateurs qui ne peuvent pas ou ne veulent pas arrêter la nicotine, ont la possibilité de basculer des produits à plus hauts risques (en particulier la cigarette) vers des produits qui sont, au-delà de tout doute raisonnable, bien moins nocifs (produits de nicotine pure, tabac non-fumé à faible toxicité, cigarette électronique, tabac à chauffer) », conclut l’appel des 72.

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