Après la parution en début d’année d’une tribune de 124 médecins attaquant les effets de l’homéopathe et réclamant son déremboursement, les médecins homéopathes réagissent en défendant la validité de leur discipline. Le président du syndicat national des médecins homéopathes français, Charles Bentz, prend la parole dans Le Figaro pour démontrer « les preuves de l’intérêt de l’homéopathie dans la pratique médicale ».
La charge avait été violente. Le 18 mars dernier, 124 médecins français avaient publié une tribune commune pour dénoncer l’absence de preuves scientifiques des effets de l’homéopathie, et pour réclamer le déremboursement de ces traitements. Le retour d’un vieux débat qui anime depuis 50 ans le monde médical français entre partisans et opposants de ce ces traitements auxquels 30 millions de Français et 20’000 médecins font tout de même confiance.
Selon Charles Bentz, « non, l’homéopathie n’est pas dénuée de tout fondement scientifique. L’homéopathie est un champ de recherche à part entière, dans lequel sont effectués des travaux rigoureux, qui répondent aux plus hauts standards. Ce sont ces travaux, notamment en recherche fondamentale, qui ont permis de démontrer à plusieurs reprises que des hautes dilutions ont bien une activité propre ».
L’homéopathie fonctionne en effet, un peu à l’instar du vaccin, sur l’extrême dilution de principes actifs ayant, à plus forte dose, les mêmes effets que ceux dont souffre le patient. L’idée est donc d’ingérer d’infimes quantités des principes qui rendent malades pour que le corps apprenne à les combattre.
Pour justifier l’intérêt médical de l’homéopathie, Charles Bentz, se base sur le programme de recherche EPI3, « supervisé par un comité scientifique strictement indépendant et réalisé auprès de 825 médecins et 8559 patients sur un an, qui a fait l’objet de 12 publications dans des revues scientifiques de références entre 2011 et 2016 ».
Les résultats de ce programme sont, selon lui, sans appel : « les médecins généralistes formés en homéopathie traitent leurs patients, à niveau de sévérité égal, avec un bénéfice clinique comparable, tout en ayant recours grâce aux médicaments homéopathiques à moins de médicaments iatrogènes. Les patients ainsi pris en charge sont moins exposés aux effets secondaires, aux mésusages, ou encore à la dépendance médicamenteuse, ce qui présente un réel intérêt de santé publique ».
Outre l’intérêt de santé publique qu’induisent ces traitements, ils permettent également, selon M. Bentz, de « réaliser des économies pour la collectivité ». Or, il se trouve, affirme-t-il, que la priorité des médecins hostiles à l’homéopathie, est d’obtenir le déremboursement des traitements homéopathiques (certains sont actuellement remboursés à hauteur de 30%), dont le « remboursement a représenté seulement 0,29% des remboursements de médicaments en 2016 ».
« Ce coût est minime et démontre à lui seul que l’argument financier de ceux qui s’attaquent aveuglément à l’homéopathie ne tient pas. Ceux qui espèrent que le déremboursement permettra de faire des économies et de « rationaliser » les dépenses poussent au contraire vers des effets inverses, vus les reports de prescriptions inévitables vers des traitements plus chers… et plus risqués », affirme-t-il.
Avant de conclure : « Dans le respect du serment d’Hippocrate et de la Loi, laissons les praticiens et les patients décider de la thérapeutique la plus adaptée aux situations rencontrées. La médecine est une, les thérapeutiques sont plurielles ».