Grâce à l’hydrogène naturel et à l’hydrogène vert, l’Afrique deviendra « le point de passage incontournable de la transition énergétique », a affirmé lors d’une interview sur Africable l’entrepreneur malien Aliou Boubacar Diallo, le fondateur et PDG d’Hydroma, la première entreprise au monde à produire de l’électricité à base d’hydrogène naturel.
Selon Aliou Diallo, les réserves d’hydrogène naturel découvertes au Mali et exploitées par son entreprise ont été classées par les autorités allemandes comme les plus importantes en quantité mais également en pureté au monde, ce qui permet à l’homme d’affaires d’envisager l’auto-suffisance énergétique du Mali et des exportations à l’étranger.
« On a confirmé des potentialités certaines en hydrogène naturel », a ajouté Aliou Diallo avant de préciser que c’est sur la base de ces découvertes qu’il avait été convié à la COP 21 en 2016. Mais l’entrepreneur ne compte pas s’arrêter à l’exploitation des réserves d’hydrogène naturel de son pays : il souhaite également faire du Mali le leader mondial de l’hydrogène vert, un hydrogène manufacturé grâce à des énergies décarbonées.
« Au Mali, avec le taux d’ensoleillement et les vastes espaces, on a de grandes potentialités pour produire de l’hydrogène vert », a-t-il précisé avant de lancer un appel au retour au calme et à la sécurité dans le Nord et dans le Centre du pays. Deux régions du Mali qui pourraient, selon lui, tirer d’immenses bénéfices de l’hydrogène vert, permettant ainsi de faire barrage à l’économie criminelle qui y prospère.
Pour le natif de Kayes, le développement économique et la stabilité du Mali sont deux priorités qui doivent être traitées conjointement pour sortir de la crise qui mine le pays depuis près de dix ans. L’hydrogène naturel et l’hydrogène vert représentent, selon lui, un levier important pour générer de la croissance économique dans les régions, donner du travail aux jeunes et briser le cycle de la violence armée et des trafics illégaux.
« Si on arrive à stabiliser et à sécuriser le Nord, je vous assure que nous allons dépasser le Qatar et Abu Dhabi dans quelques années », a-t-il promis. Puis de marteler : « La solution du problème malien n’est pas que militaire. Elle est aussi et surtout économique ». Un poids économique démontré, selon le PDG d’Hydroma par la stratégie de l’Arabie Saoudite, qui vient d’investir 700 milliards de dollars dans l’hydrogène vert, avec des conditions climatiques comparables au Mali et un territoire bien plus restreint. Le Mali a le double avantage de disposer d’un énorme champ d’hydrogène naturel et, dans le même temps, d’avoir l’espace et les ressources nécessaires pour produire de l’hydrogène vert.
Selon lui, tous ceux qui dépendent du pétrole devront obligatoirement « s’adapter s’ils ne veulent pas disparaître comme les dinosaures ou finir comme le Kodak du numérique ». « L’hydrogène produit plus d’énergie à quantité égale que le gaz naturel, et est moins cher. Tôt ou tard tout le monde finira par y aller », a-t-il poursuivi. Et le Mali se trouve dans une position idéale dans la course à l’hydrogène avec des réserves d’hydrogène naturel estimées à 700 milliards de mètres cubes, et un potentiel très fort pour la production d’hydrogène vert à base d’énergie solaire et d’éolien.
Son entreprise, Hydroma SA, est la pionnière mondiale dans la transformation de l’hydrogène naturel en électricité. Depuis 2012, Hydroma produit de l’électricité qui alimente le village de Bourakébougou situé à 60 km de Bamako, à proximité de son bloc 25. Aliou Diallo veut aller plus loin que cette expérimentation. « Le Mali peut être le premier en Afrique à construire une économie décarbonnée, le premier à mettre en route des trains ou des voitures à Hydrogène », expliqua-t-il. De quoi donner de l’espoir dans un pays frappé depuis 2012 par une violente crise sécuritaire et politique chronique.