En Suisse, des restrictions liées à la cueillette des champignons sont entrées en vigueur début juillet pour préserver la biodiversité. Elles fixent une quantité et un nombre de jours par mois, et ce pendant une plage horaire bien précise. Mais ces mesures agacent les amateurs de cueillette, qui n’en comprennent pas le sens.
Avec la pandémie de Covid-19, les Suisses ont repris goût à la nature. Certains multiplient les sorties en forêt, quand d’autres retournent tout bonnement vivre en campagne. Parmi leurs activités favorites figurent la cueillette des champignons, qui rassemblent de plus en plus d’amateurs dans la plupart des cantons.
L’enthousiasme pour la cueillette des champignons pose quelques problèmes
Comme beaucoup de personnes ne s’y connaissaient pas en champignons, des associations proposent des séminaires et des formations spécifiques, notamment pour reconnaitre des espèces vénéneuses. C’est le cas de l’Association suisse des organes officiels de contrôle des champignons (Vapko), qui a ouvert des classes supplémentaires pour répondre à la demande.
Mais cet engouement pour les champignons n’est pas sans conséquences. En effet, la cueillette se fait souvent de manière désordonnée avec des participants qui arrachent tout ce qu’ils trouvent pour ensuite faire le tri, près de leurs véhicules. Outre ces collectes inutiles, la cueillette pose le problème du piétinement du sol, qui n’est pas sans effet néfaste à court terme.
La cueillette limitée en quantité et en temps
Pour encadrer cette tradition et limiter les dégâts, plusieurs cantons ont mis en place une série de restrictions en termes de quantités et de jours de cueillette. Depuis le 1er juillet, le canton de Vaud (ouest), par exemple, a fixé 2 kg par personne au maximum, avec une cueillette de 7h à 20h tous les jours, sauf les sept premiers du mois. Dans le canton des Grisons (est), les autorités interdisent la cueillette dix jours par mois, et la limitent selon les différentes espèces.
Dans le Vaud, ces nouvelles normes font partie du règlement d’application de la loi locale sur la protection du patrimoine naturel et paysager (RLPrPNP), entrée en vigueur l’an dernier. Elles visent à offrir une pause à la nature et à améliorer la conservation de la biodiversité. Mais ces règles passent mal auprès des champignonneurs, qui les trouvent ridicules et très frustrantes.
L’interdiction des 7 jours « difficile à comprendre »
Les amateurs de champignons expriment leur agacement sur les réseaux sociaux, où des groupes spécialisés comptent des dizaines de milliers de membres. Jean-Michel Froidevaux, président de la VAPKO, constate que « les gens sont fâchés ». Un billet qu’il a publié sur Facebook pour informer des nouvelles restrictions vaudoises a généré plus de 8000 commentaires. Signe d’un mécontentement général.
Froidevaux pense que l’interdiction des 7 jours est « difficile à comprendre » au regard des conclusions d’une étude sur 30 ans de l’Institut fédéral sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Cette enquête, relève-t-il, montre que la cueillette n’influe pas sur le nombre de fructifications fongiques et la diversité des espèces. Mais ce même rapport de 2006, passé inaperçu à l’époque, montre que le piétinement du sol peut avoir des effets néfastes.
Pour les autorités, il n’y a pas de volonté de « stigmatiser » les amateurs de champignons
Les auteurs de cette étude ont suggéré de limiter la période de cueillette pour préserver le mycélium et sa capacité à produire des champignons. Pro Natura, plus ancienne organisation suisse de protection de la nature, accueille bien les nouvelles règles. Elle estime que l’afflux du public peut « avoir des conséquences sur les écosystèmes ». Les autorités vaudoises chargées de la biodiversité assurent, elles, ne pas vouloir « stigmatiser » les amateurs de champignons.