Le gouvernement a mis en consultation vendredi la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), qui fixe les grandes orientations de la France en matière d’alimentation et de santé publique. Si la publication de ce texte marque une avancée, les organisations de la société civile pensent que l’ambition reste limitée face aux défis actuels. Elles appellent l’exécutif à prendre des mesures plus concrètes.
Le vendredi 4 avril, le gouvernement a mis en consultation sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Publié avec 2 ans de retard, ce document fixe les grandes orientations de la France en matière d’alimentation et de santé publique. Il a été élaboré conjointement par les ministères chargés de l’agriculture, de la santé et de l’environnement, sur la base des contributions du Conseil national de l’alimentation, du Haut conseil de la santé publique, des agences et organismes d’expertise ainsi que de la société civile.
Promouvoir une alimentation durable et saine
La SNANC doit permettre à la France d’atteindre les objectifs programmatiques liés aux enjeux économiques, environnementaux, sanitaires et sociaux de l’alimentation et de la nutrition tels que définis dans les engagements nationaux, européens et internationaux. Elle vise à promouvoir une alimentation durable et favorable à la santé, en termes de quantité, de sécurité sanitaire et de qualité nutritionnelle. Aussi, la stratégie doit garantir la justice sociale, en réduisant les inégalités d’accès à une alimentation saine et durable, tout en assurant la souveraineté alimentaire et en renforçant l’autonomie des systèmes alimentaires.
Un état des lieux des enjeux actuels de l’alimentation
Le document soumis vendredi à la consultation jusqu’à mai présente d’abord un état des lieux des enjeux actuels des systèmes alimentaires et des comportements nutritionnels en France. Il fixe ensuite les objectifs et le périmètre de la stratégie, ainsi que son articulation avec les autres stratégies, plans et programmes. Parmi lesquels le Programme national nutrition santé (PNNS) et le Programme national de l’alimentation (PNA), prévus sur la période 2025-2030.
Les ONG réclament des mesures plus fortes en faveur de la santé et de la justice sociale
Après avoir pris connaissance du texte, les organisations de la société civile dénoncent une stratégie peu ambitieuse. Dans un décryptage collectif, 58 de ces associations, dont la Fédération Addiction, alertent sur ses limites et appellent à des mesures plus fortes en faveur de la santé et de la justice sociale. Parmi les manquements les plus flagrants, elles relèvent l’absence de dispositifs contraignants pour limiter la publicité sur les produits trop gras, trop sucrés et trop salés ciblant les enfants. Cette faiblesse réglementaire contraste avec le fait que 83% des Français soutiennent l’interdiction de la publicité sur les produits nocifs pour la santé.
Les Français souhaitent la réduction de la consommation de viande
Les associations regrettent également qu’il n’y ait pas d’objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande et de charcuterie. Cette décision était pourtant très attendue. Elle va dans le sens contraire des recommandations de la communauté scientifique et s’oppose surtout aux vœux des Français, dont 85% sont favorables à des campagnes publiques encourageant à manger moins de viande. Les ONG soupçonnent le gouvernement d’avoir cédé à la pression imposée par le lobby de la charcuterie.
De la nécessité de protéger la rémunération de ceux qui produisent l’alimentation
Les ONG notent en outre que la SNANC ne propose pas des objectifs visant à assurer à la fois une plus juste rémunération des agriculteurs et l’accès de tous à une alimentation saine et durable. Elles appellent donc à des mesures plus coercitives contre les distributeurs, les industriels et les restaurateurs pour mieux encadrer leurs pratiques commerciales. Pour le reste, les 58 organisations de la société civile invitent l’État à définir des indicateurs clairs et à garantir des moyens institutionnels, législatifs et financiers à la hauteur des enjeux initiaux de la SNANC.