La Commission européenne a approuvé mercredi l’accord UE-Mercosur en tenant compte des inquiétudes de certains pays comme la France. Elle prévoit principalement une clause de sauvegarde en cas de déstabilisation des filières. Cette mesure satisfait le gouvernement français, mais pas forcément les syndicats agricoles.
Comme attendu, la Commission européenne a approuvé, le mercredi 3 septembre 2025, l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay). Pour rassurer les agriculteurs français, parmi les plus hostiles au texte, Bruxelles a quelque peu renforcé les mesures de contrôle sur les importations en provenance des pays latino-américains.
Des clauses de sauvegarde en cas de déstabilisation d’une filière européenne
En effet, la Commission européenne a introduit des clauses de sauvegarde, qui laissent la possibilité de suspendre temporairement des importations en cas de déstabilisation d’une filière européenne, comme celle du bœuf, de la volaille ou encore du sucre.
Selon une source à Bruxelles, l’exécutif européen pourrait intervenir, dans un délai de vingt jours, s’il s’aperçoit que la quantité des importations progresse de plus de 10 % ou que le prix baisse de plus de 10 % par rapport au marché européen. Un prochain acte juridique devrait renforcer les mesures de sauvegarde pour les produits européens sensibles.
L’accord UE-Mercosur attendu au Parlement européen
Si la Commission européenne a approuvé l’accord UE-Mercosur mercredi, le traité de libre-échange n’est pas encore définitivement adopté. En effet, il doit être soumis au vote du conseil des ministres européens du Commerce, puis des députés du Parlement européen.
Bruxelles plaide pour que les 27 États membres de l’UE donnent rapidement leur aval à cet accord, si possible avant la fin de l’année 2025. En cas d’approbation, le texte n’entrera en vigueur qu’à la fin de l’année prochaine. Si la majorité des pays européens y sont favorables (Allemagne, Espagne, Italie ou encore Portugal), quelques-uns s’y opposent ou se montrent réticents comme la France.
La France va « analyser » les clauses de sauvegarde de l’accord UE-Mercosur
Mais Paris a plutôt bien réagi à l’annonce de la validation de l’accord de libre-échange par Bruxelles. Pour la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, la Commission européenne a entendu les récriminations françaises, en acceptant d’imposer des clauses de sauvegarde pour mieux protéger l’agriculture européenne.
Désormais, a-t-elle précisé, la France va « analyser » ces clauses de sauvegarde et en vérifier la solidité pour le monde agricole. Il faudra notamment qu’une clause de sauvegarde « puisse être actionnée par un seul pays et non pas plusieurs » et « s’appliquer de façon temporaire avant décision définitive ».
L’accord UE-Mercosur reste une menace pour de nombreuses filières agricoles
Les agriculteurs français ne partagent pas la réaction du gouvernement. Pour eux, les clauses annoncées sont juste de l’enfumage, au profit de la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et du président de la République Emmanuel Macron. L’accord UE-Mercosur reste une menace pour de nombreuses filières agricoles, comme celle du bœuf, en raison d’une concurrence déloyale liée aux prix (plus bas des produits sud-américains) et aux réglementations (moins nombreuses et moins strictes en Amérique du Sud).
Ce n’est pas fini pour la FNSEA
La FNSEA, le principal syndicat agricole, prévient que la lutte n’est pas terminée. Son président Arnaud Rousseau a expliqué que son équipe examine les voies juridiques possibles pour contester le texte, et qu’elle travaille avec des eurodéputés pour remporter la victoire au Parlement européen. Si la FNSEA n’obtient pas gain de cause, elle pourrait appeler à une nouvelle révolte des agriculteurs, comme on en a vu ces deux dernières années.