C’est inédit pour une grande ville en Europe. La capitale finlandaise Helsinki n’a connu aucun mort sur ses routes depuis un an. Cet exploit n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une politique baptisée « Vision Zéro ». Parmi les mesures fortes prises par les autorités figurent une limitation des vitesses pour la sécurité des cyclistes et des amendes indexées sur le revenu.
Les villes nordiques sont décidément les meilleures dans tout ce qui a trait au bien-être et à la sécurité des citoyens. Helsinki, la capitale finlandaise, vient d’accomplir une prouesse inédite en Europe pour une agglomération. Depuis un an, elle n’a enregistré aucun mort sur ses routes. Le dernier accident mortel remonte à juillet 2024. Cet exploit n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une politique baptisée « Vision Zéro ». Celle-ci comprend des mesures fortes, dont quatre principales.
Helsinki sanctionne les automobilistes à la mesure du portefeuille
La première mesure clé concerne la limitation de la vitesse à 30 km/h. Introduite en 2021, cette décision a été étendue cette année aux abords de toutes les écoles, où il existe déjà des précautions à prendre. Sur certaines routes dépourvues de piste cyclable, les automobilistes doivent même réduire leur vitesse jusqu’à 10 km/h. Autrement dit, ils ne peuvent pas aller plus vite que les vélos. La deuxième mesure forte est relative aux amendes, qui sont salées et proportionnelles aux revenus. Pour un petit excès de vitesse, on peut prendre facilement 140 euros, une sanction assortie d’un retrait du permis pendant un mois.
Des amendes qui font très mal, mais qui font retenir la leçon
Pour les hauts revenus, la contravention peut atteindre des milliers d’euros. Anssi Vanjoki, un dirigeant de Nokia, a dû payer 119 000 euros en 2022 pour un excès de vitesse sur deux roues. Un record. Ces fortes amendes rappellent aux automobilistes qu’ils ont beaucoup à perdre s’ils ne respectent pas les limitations de vitesse. « Ça fait très mal et donc vous retenez la leçon », admet un habitant de Helsinki, qui a payé près de 20 000 euros pour un excès de vitesse. Malgré cette amende salée, il se dit fier « qu’il n’y ait plus de morts par accident parce que nos routes sont plus sûres ».
Un excellent réseau de transports en commun, qui réduit mécaniquement l’usage de la voiture à Helsinki
Le troisième pilier de la sécurité routière à Helsinki repose sur les aménagements pour limiter les risques. Comme la réduction de la largeur de la route – ce qui pousse à ralentir pour ne pas heurter les bas-côtés – les passages piétons surélevés, l’amélioration de l’éclairage et la séparation des pistes cyclables. Toutes ces dispositions visent à rendre la vitesse physiquement impossible et à protéger les usagers vulnérables.
Une autre mesure à l’origine de la baisse des accidents graves à Helsinki est l’excellent réseau de transports en commun, qui réduit mécaniquement l’usage de la voiture. Plus de 90 % des usagers se disent satisfaits des transports publics ( tram, bus ou métro). C’est l’un des meilleurs taux d’Europe.
300 blessés en moyenne par an dans des accidents de la route à Helsinki
On peut enfin citer la multiplication des caméras et des radars à Helsinki. Mais l’élément central de la réussite de la capitale finlandaise reste la discipline des habitants. Dans cette ville, on n’entend pratiquement aucun klaxon ou tamponnement, alors qu’il n’y a aucun feu de circulation, même dans les grands axes. Ce civisme évite non seulement des morts sur les routes, mais réduit également les accidents.
Chaque année, Helsinki n’enregistre en moyenne que 300 blessés dans des accidents de la route. Soit cinq fois moins qu’à Paris, rapporté à sa population. Dans la capitale française, 31 personnes sont décédées sur les routes l’an dernier. Ainsi, il y a encore beaucoup de travail à faire sur la sécurité routière, comme d’ailleurs dans toutes les communes de France.
L’UE invite ses États membres à prendre l’exemple sur les nations nordiques
Au-delà de la Finlande, ce sont tous les pays nordiques qui servent de modèle en Europe. Selon la Commission européenne, la Norvège a enregistré 16 décès par million d’habitants en 2024, la Suède 20, le Danemark 24, et la Finlande 31. Ces nations se trouvent loin derrière la France (48), qui vient d’enregistrer son mois d’août le plus meurtrier depuis 2011 avec 341 décès.
L’Union européenne encourage les autres pays membres à prendre l’exemple sur les États scandinaves. Pour les guider, elle prône des actions autour de domaines prioritaires comme la sécurisation des infrastructures et des véhicules, la lutte contre les principales causes d’accidents mortels (vitesse, alcool, stupéfiants, distraction, non-port de la ceinture) et l’amélioration des soins post-accident.