L’application de messagerie instantanée voit ses utilisateurs diminuer depuis plusieurs jours, sans véritablement pouvoir ne rien y faire. En cause : une succession de facteurs liés à l’annonce d’une nouvelle politique de gestion des données personnelles.
2021 ne pouvait commencer de pire manière pour Mark Zuckerberg. En exigeant des utilisateurs d’approuver le 4 janvier dernier, sa nouvelle condition d’utilisation sous peine de se voir couper l’accès à l’application, WhatsApp s’est littéralement tirée une balle dans le pied. Depuis, l’hémorragie a du mal à s’arrêter. D’autant plus que le message d’annonce suggérait que Facebook aurait, dès l’approbation par les utilisateurs, des nouvelles Conditions générales d’utilisation (CGU) accès à certaines données de l’application. WhatsApp application de messagerie la plus populaire dans le monde enregistre un départ d’une ampleur inédite de sa plate-forme. Les données témoignent d’une baisse de 14% des installations dans les deux premières semaines de l’année. Au point de faire dire au célèbre lanceur d’alerte, Edward Snowden qu’il s’agit là « probablement de la plus grande migration jamais vue vers une messagerie sécurisée ».
Car, pendant que WhatsApp essayait de limiter la saignée à coups de communiqués, ses deux plus sérieux concurrents se frottaient les mains. Telegram et Signal très à cheval sur la protection des données des utilisateurs, ont en effet vu leurs chiffres bondir de façon assez spectaculaire. Le premier revendiquait le 13 janvier dernier, au moins 25 millions de nouveaux utilisateurs en l’espace de 72h, portant le total à plus de 500 millions. Quant au second, il a enregistré un bond des installations de plus de 3 400% en une semaine. Ses serveurs ont d’ailleurs craqué le 15 janvier dernier – fait rare pour Signal -, débordés par cette vague de nouveaux arrivants.
Un désamour soudain
Comment comprendre ce désamour soudain autour de WhatsApp, application ultra populaire et qui revendiquait deux milliards d’utilisateurs dans le monde l’année écoulée ? En dehors du ton passablement menaçant de l’annonce des nouvelles conditions d’utilisateurs de ses services, la messagerie propriété de Mark Zukerberg traine une mauvaise réputation depuis l’éclatement du scandale Cambridge Analytica en 2008. Cette année-là, la presse avait révélé l’utilisation à des fins politiques au profit de Donald Trump, des données Facebook de 87 millions d’utilisateurs en toute illégalité. Des informations, dont l’onde de choc, ont secoué le microcosme des Gafa. Les conséquences sont telles que depuis, le moindre changement de politique d’utilisation par le réseau social bleu suscite craintes et suspicions. Le richissime milliardaire Elon Musk, fondateur de Tesla, appelait notamment sur Twitter dès le 7 janvier ses followers à utiliser Signal.
Face à cet exode, WhatsApp tente de limiter les dégâts en montrant patte blanche. Outre ses dénégations en matière de respect de la vie privée, l’application a tout bonnement reporté l’entrée en vigueur de la nouvelle version de ses conditions d’utilisation au 15 mai, promettant plus de pédagogie contre les fake news dont elle se dit l’objet. Reste à savoir si cela suffira à rassurer les nombreux utilisateurs désormais passés chez la concurrence.
Voir aussi : l’interview d’Arnaud de Puyfontaine (Vivendi)