La pierre précieuse provenant de Russie, pays mis au ban de la communauté internationale pour son invasion de l’Ukraine, fait plus que jamais recette sur le marché européen.
Anvers, la deuxième ville belge, ne saurait mieux porter son nom de capitale mondiale du diamant qu’en ce moment. Alors que la Russie et la quasi-totalité de ses produits d’exportation croulent sous le poids des sanctions européennes à cause de la guerre déclenchée par Moscou contre Kiev il y a bientôt un an, le secteur diamantaire russe lui, prospère.
La pierre précieuse dont la Russie en a extrait 15 millions de carats de ses terres en 2021 – selon les chiffres du portail allemand des statistiques Statista –, a libre cours en Europe. Elle essaime plus que jamais ce marché, à commencer donc par la Belgique, sa principale porte d’entrée sur le Vieux continent.
Marché florissant
À tel point qu’Anvers qui représente la plaque tournante de ce circuit devrait avoir généré 1,3 milliard d’euros de valeur en importations l’année écoulée, à en croire des estimations basées sur la tendance du marché, citées par RFI. C’est moins que le 1,8 milliard d’euros de valeur importée en 2021 toujours grâce aux diamants. Mais la différence n’est pas significative au regard du contexte entourant les produits russes en Europe.
Asphyxiés par une batterie de sanctions destinées à infléchir les velléités guerrières du Kremlin, ces derniers sont contraints de se trouver de nouveaux débouchés, au risque de périr tout bonnement. Les exportations russes vers l’Ouest ont ainsi chuté de 60% ces derniers mois. Quant aux échanges de produits se produisant dans le sens inverse, ils ont baissé d’un tiers.
Cette situation laisse les deux marchés à l’agonie. À l’exception notable du marché du diamant, toujours aussi florissant.
Une indulgence décriée
La raison tient essentiellement de la préservation du secteur diamantaire des sanctions infligées par l’Union européenne à la Russie. Malgré les cris d’orfraie des responsables ukrainiens dont le président Zelenski et de plusieurs organisations internationales, Bruxelles contrairement à Washington n’a jamais mis les pierres précieuses sous embargo.
Manque de volonté politique ? Couardise ? Ultra-dépendance des Vingt-Sept vis-à-vis de ces diamants ? Les motivations pouvant expliquer un tel statu quo sont diverses et varient selon les interlocuteurs. Tous mettent cependant l’État belge au cœur de la situation.
Il faut dire que le secteur diamantaire concentre 1 500 entreprises et 30 000 emplois directs et indirects dans le pays, selon Tom Neys, porte-parole l’association des diamantaires d’Anvers interrogé par RFI.