Accord avec le Mercosur : le monde agricole dit NON

Photo de Tomas Trajan sur Unsplash

Depuis le début de semaine, les agriculteurs manifestent contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur. Ils dénoncent un traité inéquitable, avec un trop plein de normes en Europe, alors que tout est permis en Amérique du Sud. Ils y voient un triple risque alimentaire, sanitaire et environnemental.

Le sommet du Mercosur, une alliance commerciale qui réunit les pays d’Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay), se tiendra du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay). A cette occasion, l’Union européenne et ces Etats latino-américains doivent signer un accord de libre-échange. Celui-ci prévoit une libéralisation des échanges entre les deux blocs économiques, par la suppression des barrières tarifaires.

Le Mercosur, un traité équitable ?

Une suppression ou une baisse des droits de douane permettrait aux pays sud-américains d’augmenter leurs importations de produits agricoles, notamment la viande bovine, le poulet et le sucre. Les pays de l’UE, eux, pourront avoir un accès accru au vaste marché sud-américain pour y promouvoir leurs produits industriels. Principalement les équipements de haute technologie, les voitures, la machinerie et les produits pharmaceutiques.

Mobilisation des agriculteurs contre le Mercosur

La Commission européenne, pressée par l’Allemagne et l’Espagne, pousse pour conclure cet accord au plus vite. Mais la France s’y oppose et l’Italie demande de réviser plusieurs points. En Hexagone, les agriculteurs sont vent debout contre ce traité de libre-échange avec le Mercosur. Depuis le lundi 18 novembre, ils manifestent partout à l’appel de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. La Coordination rurale et la Confédération paysanne ont également sorti les tracteurs.

Des inquiétudes pour la souveraineté alimentaire et les revenus des paysans

Les paysans français redoutent en particulier la concurrence déloyale qu’instaure le Mercosur, avec des produits sud-américains de moindre qualité et vendus moins cher, qui vont envahir le marché unique. En Europe, les produits sont plus chers à cause du trop-plein de normes. En Amérique du Sud, en revanche, les agriculteurs ne sont quasiment soumis à aucune réglementation. La plupart des Etats du Mercosul autorisent l’usage d’antibiotiques, d’hormones et de pesticides interdits sur le Vieux continent.

Un risque sanitaire pour les consommateurs européens

Le Brésil, principal fournisseur de viande de bœuf de l’UE, a suspendu en octobre ses exportations, après qu’un rapport de la Commission européenne a évoqué l’utilisation de l’œstradiol 17β, une hormone interdite en Europe car cancérigène. C’est un scandale sanitaire qui laisse également penser qu’un accord de libre-échange non harmonisé avec le Mercosur représenterait un risque pour la santé des consommateurs européens.

Dénonciation des conséquences environnementales de l’accord avec le Mercosur

Mais ce n’est pas tout. Les ONG pointent aussi des conséquences environnementales de l’accord. En Amérique du Sud, les pratiques agricoles tiennent rarement compte de l’environnement, avec notamment la déforestation de l’Amazonie pour l’expansion des terres agricoles et l’utilisation de pesticides qui nuisent aux polinisateurs. Pour tous ces faits, Emmanuel Macron a déclaré dimanche que la France ne signera pas le traité en son état actuel. Il a également assuré mardi que son pays n’était pas « isolé » sur ce point.

Un débat et un vote attendus à l’Assemblée nationale sur le Mercosur

L’Italie, notamment, ne soutient pas le texte actuel. Elle exige une révision de l’accord pour aligner les obligations du Mercosur sur celles de l’UE. En France, la mobilisation va se poursuivre jusqu’au sommet de Montevideo, promettent les agriculteurs. Les élus aussi montent au créneau. Il y a une semaine, 600 parlementaires ont publié une lettre dans laquelle ils ont dit que les conditions ne sont pas réunies pour signer un tel traité. Devant l’opposition générale, le gouvernement Barnier a annoncé lundi un débat suivi d’un vote sur le traité de libre-échange à l’Assemblée nationale, au plus tard le 10 décembre.

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