Nestlé Waters : le scandale des eaux en bouteille éclabousse jusqu’au sommet de l’Etat

De nouvelles révélations du journal Le Monde et de la cellule investigation de Radio France, l’Etat français a aidé Nestlé à utiliser des filtres illégaux pour ses eaux minérales en bouteille. Se faisant, l’exécutif a privilégié les intérêts du géant agroalimentaire au détriment des consommateurs.

Emmanuel Macron trempé jusqu’à cou. De nouvelles révélations publiées le 4 février par Le Monde et la cellule investigation de Radio France mettent au grand jour le copinage cynique entre l’entourage du président et Nestlé Waters. En effet, pendant plusieurs années, le cabinet du chef de l’État a aidé, en toute connaissance de cause, le géant agroalimentaire à utiliser des filtres illégaux pour ses eaux minérales en bouteille.

Nestlé a eu recours à des systèmes interdits de microfiltration

Le groupe suisse, propriétaire des marques Vittel, Contrex, Hépar et Perrier puise son eau minérale dans les Vosges et le Gard. A partir de 2021, au moins, il a eu recours à des systèmes interdits de microfiltration pour garantir la sécurité alimentaire de ses eaux minérales, face notamment à des problèmes de contaminations bactériologiques. Bien que les agences sanitaires ont à plusieurs reprises, et avec insistance, alerté l’exécutif du caractère illégal de ces pratiques et des risques sanitaires encourus, Matignon et l’Elysée n’ont rien fait.

La DGS avait recommandé de suspendre les autorisations du groupe

Dans une note du 20 janvier 2023, le directeur général de la santé (DGS) d’alors, Jérôme Salomon, recommandait de suspendre immédiatement l’autorisation d’exploitation, de conditionnement et d’embouteillage de l’eau pour les sites Nestlé des Vosges et du Gard. Il fondait sa demande sur un rapport de l’Anses qui concluait que l’eau en sortie de puits n’était pas microbiologiquement saine avec l’utilisation de microfiltres inférieurs à 0,8 micromètre.

Une précédente enquête avait déjà épinglé la multinationale suisse

Cette demande n’a pas empêché l’Elysée d’accorder des dérogations sur l’usage de microfiltres à Nestlé, coutumier des pratiques illégales. En janvier 2024 déjà, des enquêtes journalistiques publiées par Le Monde et Radio France puis par Mediapart indiquaient que la multinationale avait fraudé pendant quinze ans, vendant de l’eau en bouteille non conforme à la réglementation. La nouvelle enquête ne fait donc que confirmer ces premières révélations.

L’exécutif a privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs

Pour mener leurs nouvelles investigations, Le Monde et Radio France ont eu accès à plusieurs notes ministérielles, à des échanges de courriels, compte-rendus d’inspection des usines Nestlé et à des résultats de prélèvements sanitaires. Tous ces documents posaient clairement le problème. Fort de cela, les deux médias accusent l’exécutif d’avoir « privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs, en laissant le groupe suisse continuer à commercialiser une eau qu’il savait non seulement non conforme à la réglementation mais aussi à risque pour la santé ».

Des rencontres entre les représentants du groupe agroalimentaire et de l’Elysée

Le Monde et Radio France pensent que l’Elysée et Matignon ont cédé au lobbying intense mené depuis 2021 par Nestlé. Ils notent que des représentants du groupe agroalimentaire ont eu des rencontres avec l’entourage de Macron, notamment avec Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée. Les deux parties n’ont pas démenti ces réunions, mais ont assuré qu’elles étaient formelles.

Emmanuel Macron a des liens anciens avec Nestlé

Pointé directement du doigt, Emmanuel Macron a affirmé mardi qu’il n’y a eu ni « entente » ni « connivence avec qui que ce soit ». Mais on ne peut pas oublier qu’il y a un lien ancien entre le chef de l’État et la multinationale suisse. En effet, lorsqu’il était banquier d’affaires chez Rothschild & Cie, l’actuel président de la République a empoché un million d’euros dans le cadre d’une négociation pour Nestlé. La direction française du groupe lui avait même proposé un poste.

Nestlé a payé pour s’éviter un procès

Si son prédécesseur parlait de risques pour la santé, l’actuel patron de la DGS, Grégory Emery, a indiqué en janvier devant le Sénat que ce dossier n’était pas un sujet de sécurité sanitaire mais de fraude. Ce que contestent des ONG comme Foodwatch, qui a déposé une plainte contre Nestlé l’année dernière. L’entreprise a accepté en septembre de payer une amende de 2 millions d’euros pour s’éviter tout procès…Un aveu de sa part ?

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