La Chine connait actuellement une crise immobilière qui empêche certains promoteurs d’achever les travaux faute de liquidités. Face à cette situation, les acheteurs ont pris la décision radicale de cesser le paiement des mensualités. Ils expriment aussi leur mécontentement à travers des manifestations qui inquiètent le gouvernement, à deux mois du Congrès du parti communiste.
Depuis la libéralisation du marché immobilier en 1998, la Chine connaait un boom du secteur. Profitant des prêts bancaires, les promoteurs ont pu développer de nombreux projets pour satisfaire une demande de plus en plus forte. Mais leurs dettes colossales ont poussé les autorités à mettre fin aux crédits à partir de 2020. Une décision qui a réduit les possibilités de financement pour les géants de l’immobilier comme l’ex-numéro un Evergrande. Le deuxième promoteur immobilier chinois s’efforce depuis plusieurs mois de rembourser les sommes dues, évaluées l’année dernière à 300 milliards de dollars.
Seulement 60% des appartements pré-vendus livrés
La débâcle de ce groupe a depuis contaminé l’ensemble du marché immobilier chinois. Conséquences : les ventes résidentielles ont déjà chuté de 35 % cette année. Tandis que les promoteurs n’ont pour l’instant livré que 60% des appartements pré-vendus entre 2013 et 2020 (en Chine, les logements neufs sont généralement vendus avant leur construction). Ils n’ont eu de cesse de reporter à plusieurs reprises la livraison des logements, au grand dam des acheteurs. Fatigués d’attendre et de louer une autre maison, les futurs propriétaires ont pris la décision radicale de ne plus payer les mensualités tant que les travaux ne sont pas achevés. Certains ont même organisé des manifestations pour exprimer leur mécontentement.
Un fonds d’aide aux promoteurs dans certaines villes
Le boycott des remboursements vise à faire pression sur les promoteurs, eux-mêmes dos au mur. Quand aux rassemblements, ils ont pour but de décider les dirigeants nationaux ou locaux à agir. Cette stratégie porte ses fruits puisqu’à Zhengzhou, une grande ville du centre de la Chine, les autorités ont créé un fonds d’aide aux entreprises immobilières afin qu’ils puissent achever les travaux. Du côté du gouvernement, on craint que la crise immobilière n’éclate en bulle et ne pèse sur la reprise économique. En effet, un cercle vicieux pourrait naître de cette situation. On pourrait constater une baisse des ventes et des prix des logements, une faille des prometteurs et la détérioration des finances des collectivités locales.
L’épargne chinoise en hausse de 30 % sur un an
Un autre danger pourrait venir d’une perte de confiance du consommateur chinois. En effet, la hausse du pouvoir d’achat de ces derniers, due aux prépaiements, ont longtemps aidé à financer indirectement près de 30 % du PNB chinois. Le contexte actuel pourrait provoquer un recul de la consommation intérieure pour une hausse de l’épargne, sous l’effet de la prudence. Déjà, au premier semestre 2022, l’épargne chinoise a progressé de 30 % par rapport à l’année précédente.
Soucieux de stabilité sociale et craignant le ralentissement structurel de la future croissance chinoise, le pouvoir a décidé de débloquer un dernier fonds public. Aussi, va-t-il presser les promoteurs afin de livrer au plus vite les appartements aux acheteurs. En effet, le timing de cette crise immobilière met dans l’embarras les dirigeants chinois à deux mois du Congrès du parti communiste. Le président Xi Jinping devrait se voir accorder un troisième mandat à l’issue de ce rendez-vous.