Le gouvernement français envisage de mettre fin aux billets d’avion low cost pour réduire les vols et les émissions de gaz à effet de serre. Mais cela ne devrait pas plaire aux compagnies bas coût, pour qui cette mesure va à l’encontre des intérêts des consommateurs.
Le ministre français des Transports, Clément Beaune, a annoncé dans une interview accordée à L’Obs cette semaine, qu’il souhaitait mettre fin aux billets d’avion low cost. Objectif : réduire le nombre de vols et donc baisser les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur aérien. Pour le ministre, les billets à 10 euros sont devenus inacceptables à l’heure de la transition écologique. Il souhaite ainsi en relever le prix.
L’Autriche et l’Allemagne favorables à cette hausse
Dans ce cadre, Clément Beaune envisage de soumettre, dans les jours à venir, une proposition à ses homologues européens. Selon lui, ce texte visera à lutter contre le dumping social et environnemental en protégeant les compagnies les plus sérieuses comme Air France-KLM. Pour atteindre ses objectifs, il pourrait compter sur des pays tels que l’Autriche, l’Allemagne et les Pays-Bas, qui défendent une taxation des vols. Avant la guerre en Ukraine, Berlin, par exmeple, préconisait de porter les tarifs des billets d’avions à 40 euros.
Les organisations de l’environnement seront contentes
En prenant une telle décision, Clément Beaune pourrait contenter les défenseurs de l’environnement. Ces derniers dénoncent régulièrement l’insuffisance des mesures gouvernementales en matière de réduction des émissions de carbone de l’aviation. L’exécutif avait proposé d’interdire certaines liaisons aériennes intérieures qu’on pouvait remplacer par des trajets en train. Mais les organisations ont critiqué une politique trop timide.
Mais pas les compagnies bas coût
En revanche, l’annonce de Clément Beaune ne devrait pas plaire aux compagnies low cost, directement visées. La plus puissante d’entre elles, Ryanair, s’était déjà montrée très hostile à un contrôle des tarifs. La première compagnie aérienne d’Europe a dénoncé une taxation qui va à l’encontre de la liberté des prix et de l’intérêt des consommateurs. Elle estime aussi que la hausse des tarifs ne profitera qu’aux compagnies aériennes nationales subventionnées par l’Etat comme Air France-KLM.
Les billets low cost déjà plus chers
D’ailleurs, certains acteurs du secteur relèvent une erreur de la part de Clément Beaune. Il n’existerait pratiquement plus de billets d’avion à 10 euros en Europe aujourd’hui. Le tarif moyen des compagnies bas coût s’élèverait à 22 euros en 2023, en raison de l’augmentation du prix du kérosène. Et ce coût n’inclut pas les bagages. Les voyagistes mettent de plus en plus l’accent sur les frais ancillaires. Ainsi, le prix moyen des billets d’avion peut facilement grimper jusqu’à 50 euros. L’idée que le train revient moins cher ne serait donc pas fondée.
La hausse du prix minimum, une fausse bonne idée
Par ailleurs, certains spécialistes de l’aviation pensent que la hausse du tarif minimum du billet d’avion ne devrait pas avoir un impact véritable sur les émissions de CO2 du secteur aérien. En effet, l’élite des voyageurs réguliers, qui prend la moitié des vols en France (alors qu’elle ne représente que 2% des clients), ne va pas réduire son rythme de déplacement. Elle a largement les moyens de payer plus cher. La solution idéale serait donc de mettre en place une taxe pour ces grands voyageurs, qu’on investirait ensuite dans la transition écologique. Aussi, la France pourrait supprimer les vols de correspondance courts comme le fait l’Allemagne.