Mi-décembre, deux enfants ont été hospitalisés dans le Rhône à la suite d’une contamination à la bactérie E. coli. Cet agent pathogène, présent dans la litière des vaches, est très résistant aux antibiotiques. Elle peut causer des infections nosocomiales potentiellement mortelles.
Pendant les fêtes de fin d’année dernière, un bébé de 18 mois et une fillette de 7 ans ont été hospitalisées dans la région lyonnaise après avoir toutes deux mangé du morbier au lait cru. Dans un témoignage publié sur RTL, le samedi 10 février, le père de la petite fille a révélé qu’elle a passé 72h sous coma artificiel et que ses reins ne fonctionnaient plus. Heureusement, ses jours ne sont plus en danger.
Détection de la bactérie E. coli dans le fumier
Après avoir analysé un prélèvement sur le morceau de morbier en question, les services d’hygiène ont trouvé des traces d’Escherichia coli ou E. Coli. Cette bactérie est connue pour sa résistance aux antibiotiques, notamment à la pénicilline utilisée pour soigner des infections du pis de la vache. Elle est naturellement présente dans le tube digestif des ruminants.
Une infection peut survenir lors de la traite
A cause des déjections de vaches, on trouve E. Coli dans le fumier, qui provient de la litière (principalement de la paille). Les agriculteurs se servent de ce fumier comme d’un engrais pour amender leurs cultures. E. Coli se transmet ainsi aux êtres humains par le biais des produits récoltés, notamment les légumes verts comme les salades ou les épinards. La contamination peut aussi survenir via l’infection des mamelles ou un incident lors de la traite.
Eviter de faire manger des produits crus aux enfants de moins de 5 ans
Par conséquent, la consommation de fromage au lait cru devient dangereuse. Car, contrairement au lait pasteurisé, le lait cru n’a subi aucun traitement pour le débarrasser de bactéries indésirables. Les autorités de la santé conseillent donc d’éviter au maximum de donner les produits crus (lait cru, œufs crus, viande non cuite, etc.) aux enfants avant l’âge de 5 ans. Ils sont plus vulnérables face aux infections, en raison de l’immaturité de leur immunité.
E. coli responsable des infections nosocomiales
En 2014, une étude américaine avait déjà identifié dans le fumier 80 agents infectieux résistants aux antibiotiques. Ces gènes ont une évolution similaire à celle des bactéries multirésistantes trouvées en milieu hospitalier. A savoir les agents pathogènes à Gram, à l’origine des infections nosocomiales. Parmi ces menaces figurent en bonne place le Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp.
Une startup française prépare un vaccin contre E.coli et la résistante des pathogènes à Gram
Il n’existe pas encore dans le monde un traitement contre ces bactéries multirésistantes. Mais une startup française pourrait bientôt en proposer. Il s’agit de Nosopharm, une entreprise de biotechnologie nîmoise. Elle prépare un antibiotique first-in-class baptisé Noso-502, qui lutte contre les maladies nosocomiales. Selon des résultats positifs de tests de laboratoire publiés en juin 2022, ce vaccin a montré une efficacité totale contre les agents pathogènes multirésistants.
L’antibiorésistance, un fléau mondial
L’année dernière, Nosopharm a annoncé des essais cliniques chez l’homme avant une potentielle commercialisation. Si la startup mettait sur le marché son antibiotique, elle résoudrait un problème majeur de santé publique. En effet, l’antibiorésistance cause chaque année plus d’un million de décès dans le monde.
Elle pourrait atteindre les 4 millions de victimes d’ici à 2030, comme le cancer de nos jours. L’OMS a appelé les scientifiques au développement rapide d’un remède contre ce fléau. En attendant, elle recommande de réduire l’usage des antibiotiques pour soigner les animaux de ferme.