France : la consommation des livres plombée par les frais de port

Une étude réalisée par l’IFOP à la demande du géant américain du commerce en ligne Amazon, indique que 40% des acheteurs ont revu à la baisse leur appétence pour les livres, dissuadés par les trois euros de frais d’expédition facturés sur chaque commande inférieure à 35 euros en France depuis octobre 2023.

C’est un constat alarmant que dresse l’IFOP ce jeudi 25 avril 2024 à propos de la tendance de consommation de livres sur le territoire français. Il indique en effet, à travers un sondage commandité par Amazon, une baisse significative des achats en ligne au cours des derniers mois.

Cela concerne notamment 41% des personnes aisées. Les chiffres se révèlent plus inquiétants lorsque l’on tient compte des revenus les plus modestes et des pauvres. Entre 74 % et 76 % des personnes de cette catégorie disent avoir réduit sa dépense.

En cause, les 3 euros supplémentaires facturés au titre des frais de port depuis le 7 octobre 2023 sur toute commande en ligne inférieure à 35 euros.

Mesure contre-productive

Cette mesure initiée par le gouvernement français vise à favoriser les achats en librairie physique en rendant les achats en ligne, comme sur Amazon dont les abonnés Prime ne payaient qu’un centime d’euro, relativement plus onéreux avec des frais de port plancher.

Force est donc de constater qu’elle se révèle manifestement contre-productive six mois plus tard. Pire, elle semble désormais limiter l’accès des personnes les plus précaires aux livres et donc à la culture. Car 70% des ruraux éloignés des librairies disent désormais se rabattre sur l’achat dans les grandes distributions.

Au final, seulement 26% des acheteurs déclarent reporter leurs achats vers les commerces de proximité auxquelles la mesure d’augmentation des frais d’expédition était censée bénéficier.

Des mises en garde

Dans un contexte inflationniste, cette situation risque d’influer sur le pouvoir d’achat des Français consacré à la culture. Une manne déjà réduite ou en passe de l’être pour 20 millions de personnes, selon les données de l’IFOP.

De quoi donner raison à Amazon, qui avait mis en garde l’État contre les effets néfastes de l’instauration de frais de port plancher il y a quelques mois. La plateforme de commerce électronique avait notamment prévu, avec des chiffres d’une étude prévisionniste de l’IFOP à l’appui, 51% de baisse des achats de livres dès l’entrée en vigueur de la mesure.

Il reste à voir si les autorités vont infléchir leur position. À moins que le Conseil d’État, saisi par Amazon d’un recours en juin 2023 pour excès de pouvoir, ne tranche en faveur de la firme américaine.

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