La municipalité de Venise annonce l’extension de la durée de sa taxe d’entrée, la faisant passer de 29 à 54 jours par an, entre avril et juillet. Elle décide aussi d’en relever le prix, fixant 5 € pour les visiteurs qui réservent en ligne à l’avance et 10 € pour ceux qui prennent le billet à l’arrivée. Mais ces mesures suffiront-elles à mettre fin au tourisme de masse ?
La municipalité de Venise a annoncé, le jeudi 7 novembre, l’extension de l’entrée payante pour visiter la ville italienne à la journée. En 2025, cette taxe sera en vigueur pendant 54 jours, répartis entre le 18 avril et le 27 juillet, au lieu de 29 jours cette année. Le prix aussi sera relevé, avec 5 € pour les visiteurs qui réservent en ligne à l’avance (4 jours) et 10 € pour ceux qui le font à l’arrivée.
Le surtourisme a failli coûter à Venise l’inscription au patrimonial mondial en péril
Avec ses gondoles, ses canaux pittoresques et ses célèbres monuments, Venise est l’une des villes les plus visitées au monde. Lors des pics de fréquentation, elle héberge jusqu’à 100.000 touristes, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers. Pourtant, elle ne compte que 50.000 habitants en centre-ville, qui ne cesse de se réfugier sur les îles voisines afin de fuir le surtourisme et la cherté de la vie.
Devant les dégâts provoqués par cette sur-fréquentation, et faute de mesures adaptées pour la juguler, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) avait menacé d’inscrire la Cité des Doges sur la liste du « patrimonial mondial en péril ». Pour éviter ce classement, la Ville multiplie les initiatives. Dès le 25 avril 2024, elle a imposé aux touristes un ticket d’entrée de 5 €.
Des contrôles aléatoires et une amende
Cette restriction, la première de ce genre au monde, ne concernait que 29 jours de grande affluence, entre avril et juillet. Seuls les touristes journaliers entrant dans la vieille ville entre 08h30 et 16h00 locales devaient présenter le billet aux dates définies par la mairie. Ceux qui y passaient au moins une nuit n’avaient pas à payer la somme de 5 €, puisqu’ils s’acquittaient déjà de la taxe de séjour. Des contrôles aléatoires avaient été imposés ainsi qu’une amende de 50 à 300 € pour les contrevenants.
Plusieurs profils exonérés de la taxe d’entrée à Venise
En 2025, il faudra payer davantage à partir du 18 avril. Les habitants de Venise, les personnes qui y sont nés ou qui y travaillent et les touristes dormant au moins une nuit sur place seront toujours exemptés de cette taxe d’entrée. L’exonération concerne plusieurs autres profils comme les enfants de moins de 14 ans -sur présentation d’un document d’identité, les personnes participant à des compétitions sportives, les étudiants, les propriétaires de biens immobiliers, les personnes qui viennent visiter de la famille, etc.
Malgré la taxe, les touristes ont continué d’affluer
Le maire Luigi Brugnaro a qualifié cette initiative de « premier pas » dans la gestion des flux touristiques. Il assure que « ce n’est pas pour faire de l’argent », mais « pour permettre à Venise d’être vivable », même si la municipalité a récolté 3,3 M$ grâce au projet pilote. Pour ses détracteurs, en revanche, cette taxe ne suffira pas à mettre fin au sur-tourisme. En témoigne les près de 438 000 visiteurs qui ont pris le ticket pendant la période d’essai. Les opposants trouvent cependant normal de faire payer aux touristes l’entretien de la ville et la conservation du patrimoine.