La chute du gouvernement Barnier, actée par l’adoption d’une motion de censure ce 4 décembre, plonge le secteur immobilier dans l’incertitude. Ce retournement de situation suspend l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2025, emportant avec lui des mesures cruciales pour relancer un marché encore fragile.
Parmi les propositions phares désormais en suspens figure l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ). Ce dispositif devait être accessible à tous types de biens immobiliers et sur l’ensemble du territoire à partir de février 2025. Une bouffée d’air pour les primo-accédants.
De plus, une niche fiscale inédite prévoyait d’exonérer jusqu’à 100 000 euros de dons affectés à l’acquisition ou à la rénovation de logements. Enfin, la prolongation du dispositif Pinel, offrant des réductions fiscales pour l’investissement locatif, devait s’étendre jusqu’au 31 mars 2025. Une mesure jugée essentielle dans un contexte de crise du logement.
L’impact ne s’arrête pas là, dès le 1er janvier 2025, les logements classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE) seront interdits à la location. Une proposition de loi visant à assouplir ce calendrier en tenant compte des blocages de copropriétés ou des travaux en cours, est également remise en question.
Les acteurs de l’immobilier déplorent ces retards. Guillaume Martinaud, le président d’Orpi, évoque un secteur pris en otage par les blocages politiques. Même son de cloche chez Brice Cardi, président de l’Adresse qui dénonce une situation favorisant l’attentisme des acheteurs. Les constructeurs, représentés par Damien Hereng, regrettent que l’élargissement du PTZ, pourtant vital, soit mis en péril.
La Fédération française du Bâtiment, de son côté, alerte sur une crise imminente pour les artisans et entrepreneurs. Olivier Salleron, son président, demande un retour rapide des mesures discutées au Parlement pour éviter un effondrement de la filière.
Malgré ces revers, les experts restent prudents quant aux conséquences sur les taux de crédit. Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, souligne que les récentes baisses des taux directeurs de la BCE pourraient limiter l’impact sur les crédits immobiliers. Laure Martino, de Cafpi, partage cet optimisme modéré, anticipant une certaine résilience des marchés.
Certains experts appellent à la reprise des textes par le prochain gouvernement. Henry Buzy-Cazaux, président de l’IMSI évoque la possibilité de maintenir la ministre du Logement à son poste pour assurer une continuité dans le dialogue avec les professionnels. L’immobilier, pilier de l’économie française, ne peut attendre indéfiniment des décisions politiques pour redresser la barre.