Venise : submergée par les touristes, la ville se vide de ses habitants

Un canal de Venise avec des gondoles.

 

Il y a cinquante ans, 175 000 personnes vivaient à Venise. Aujourd’hui, il en reste trois fois moins. Cet exode massif se fait au profit des touristes, de plus en plus nombreux dans la petite ville italienne. Face à cette tendance inquiétante, les initiatives se multiplient pour retenir les habitants. Mais le mouvement semble inexorable.

En 50 ans, Venise a perdu plus des deux tiers de ses habitants. La faute au tourisme de masse qui s’est emparé de la cité des Doges. Les 55 000 résidents actuels doivent en effet faire face à un important afflux de touristes. L’on note des pics qui dépassent 100 000 présences quotidiennes à certains moments de l’année comme les vacances de Noël, le carnaval ou la haute saison estivale.

Les logements deviennent des hébergements pour touristes

« On se sent un peu comme les derniers Indiens, nous les Vénitiens. Car la tendance s’est complètement inversée. Nous sommes 50 000 et les personnes qui nous visitent 30 millions. C’est donc comme si nous vivions dans une réserve. », confie Antonio Zago, dont la famille fait partie des rares restées sur place, malgré les difficultés.

Contrairement à la plus part des habitants de Venise, ce directeur de chantier naval refuse encore de transformer son appartement en un hôtel ou des bureaux de prestige. Mais combien de temps encore résistera-t-il à la vague du tourisme ?

La plupart des logements sont devenus des hébergements pour touristes. Et il en va de même pour les commerces de bouche supplantés les uns après les autres par les boutiques de souvenirs. Pour les vrais Vénitiens, il ne reste que trois épiceries et une unique poissonnerie. Les inondations de novembre et décembre 2019, qui ont fait des dégâts considérables, en rajoutent une couche. Beaucoup d’habitants ont été sinistrés, alors que la situation semblait déjà intenable financièrement.

« Moins de services donc moins d’habitants »

Comme la ville se vide de ses habitants, elle fonctionne désormais au ralenti car les activités économiques se raréfient. « C’est comme un chat qui se mord la queue, explique Matteo Secchi, qui préside une association de riverains. Qui dit moins d’habitants dit moins de services, et en même temps moins de services donc moins d’habitants. C’est un cercle vicieux. »

Un cercle vicieux alimenté par la flambée des loyers et des baux commerciaux, mais aussi par le manque d’emplois autres que ceux liés au tourisme. Les jeunes doivent donc partir vers des horizons plus prometteurs.

Pour stopper ce dépeuplement, les habitants de Venise souhaitent la mise en place de quotas et la limitation du nombre de touristes. Mais la municipalité hésite encore à s’approprier ces solutions, craignant l’effet inverse.

Peut-on alors penser que Venise est condamnée à devenir un simple parc à thème ?

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