Afin de protester contre les « incohérences du gouvernement » sur l’importation de l’huile de palme, les agriculteurs ont manifesté hier matin en bloquant 14 raffineries et dépôts de carburant.
Les contestées décisions du gouvernement
Le 6 juin dernier, le gouvernement a donné l’autorisation à Total d’importer de l’huile de palme pour ses biocarburants. Autrement dit, pour alimenter la bioraffinerie Total de La Mède, le gouvernement a autorisé l’importation de 300.000 tonnes d’huile de palme. Cette mesure n’est vraiment pas bien perçue par les agriculteurs, qui considèrent que cette décision met en péril la filière française d’huile de Colza. Par ailleurs, ils demandent au gouvernement de s’engager à ne pas rajouter des normes aux agriculteurs français.
Non, la réponse simple de Stéphane Travert
Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a répondu par la négative aux requêtes des agriculteurs. En effet, lors d’une réunion ce lundi, il a affirmé que le gouvernement ne reviendra pas sur l’autorisation donnée à Total d’importer de l’huile de palme.
« Je recevrai la FNSEA et les Jeunes agriculteurs pour travailler ensemble à trouver des solutions, comme nous l’avons toujours fait. Je souhaite que demain, Total et les entreprises agricoles qui produisent des biocarburants, puissent se mettre d’accord sur une base de prix, sur un contrat, qui permettra d’offrir des débouchés à la filière colza française », a ajouté le ministre de l’Agriculture, rappelant les engagements de Total à acheter 50.000 tonnes de colza français.
« Nous avons travaillé sur une meilleure répartition de la valeur pendant les Etats généraux de l’Alimentation (EGA), et c’est sur cette base que nous devons travailler aujourd’hui, parce que les producteurs de colza ne doivent pas être les parents pauvres des filières sur les biocarburants », a-t-il conclu.
La réponse des agriculteurs
Face à ces réponses du gouvernement, les agriculteurs et leurs syndicats ont décidé de répliquer par l’action. En effet, dès lundi matin, ils étaient nombreux à bloquer raffineries et dépôts de carburant.
La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA), à l’origine du mouvement de protestation, dénoncent l’importation de produits agricoles ne respectant pas les normes françaises et européennes. « La France importe un certain nombre de produits qui ne respectent pas les règles qu’on impose aux agriculteurs français. Ça concerne aussi bien la viande du Mercosur, le vin espagnol que l’huile de palme« , explique Damien Greffon, président de la FRSEA d’Ile-de-France, à l’AFP.
Bien que les raffineries aient été bloquées, le risque de pénurie est minime, comme le précise le ministre de l’Agriculture. « Il ne faut pas se précipiter inutilement dans les stations-service, c’est ça qui souvent crée la pénurie« , a-t-il indiqué.