Après y avoir longtemps fait la pluie et le beau temps, le vin australien n’est plus le bienvenu sur le marché chinois. En cause, une relation commerciale en dégradation sur fond de tension politique entre les deux partenaires.
Il est loin le temps où la Chine et l’Australie collaboraient main dans la main. Entre les deux pays, c’est désormais la guerre. Une guerre de plus en plus prégnante au plan économique, notamment dans le secteur du vin dont Canberra se trouve être un des plus grands producteurs au monde. Mais Pékin, un de ses plus gros clients, n’est plus vraiment prêt à le laisser écouler son produit sur son territoire depuis quelques mois. Et à défaut de pouvoir lui en interdire tout simplement l’accès – cela susciterait l’ire de la communauté internationale, notamment l’OMC – la Chine a trouvé une méthode dissuasive : les taxes.
Au prétexte de se prémunir contre le dumping de la part des professionnels australiens du vin sur son territoire, le pays communiste a imposé fin 2020 des taxes de l’ordre de 116,2% à 218,4% aux vins provenant de l’île. Conséquence, le prix des vins australiens qui comptaient déjà parmi les plus chers du marché chinois – 7,20 euros le litre en moyenne – a flambé. Sans compter le coût de cette mesure sur les viticulteurs, estimé à 1,5 milliard d’euros sur cinq ans, selon les officiels australiens.
Relation au point mort
Les exportations australiennes de vins vers l’empire du Milieu s’en trouvent également affectées. Les chiffres enregistrés au premier trimestre de l’année en cours sont 27 fois moins que ceux de la même période en 2020, à en croire le gouvernement australien. Un coup dur pour les viticulteurs du pays qui n’en reviennent pas. Surtout, la situation a tout l’air d’un cauchemar pour ce secteur autrefois si choyé par le gouvernement chinois. En effet, profitant d’un accord de libre-échange sino-australien, le vin de l’Australie dominait le marché chinois.
Hélas, la tendance semble s’inverser progressivement depuis trois ans. Canberra qui goûte de moins en moins les visées expansionnistes de son allié, notamment en Taïwan, a évincé Huawei de l’installation de son réseau 5G en 2018. Ce à quoi la Chine a répondu par des mesures de rétorsion commerciale.
L’Australie s’en est plainte à l’OMC, mais en attendant le verdict de l’Organisation, l’heure est à la recherche de nouvelles débouchées chez les professionnels du vin du pays. Il faut absolument réorienter les exportations sous peine de couler. Les marchés comme Londres, Séoul ou le Kuala Lumpur sont notamment à l’étude.