Les graines à l’origine de la fabrication du précieux condiment sont en proie à des phénomènes climatiques à travers le monde, qui en limitent la production.
Il y aura peut-être de la moutarde sur la table pour accompagner la viande et les autres charcuteries à Noël, voire même pour le Nouvel An en France. Mais pas au-delà. Ou alors, ce serait très probablement dans une moindre proportion. Les spécialistes tricolores du condiment en craignent la pénurie, ou plus précisément celle des graines nécessaires à sa fabrication à compter du mois prochain. Raison évoquée ? Les phénomènes climatiques qui mettent à mal sa production dans le monde, notamment au Canada.
Le pays d’Amérique du Nord a subi ces dernières années diverses manifestations du réchauffement climatique, avec cette année, des épisodes d’extrême sécheresse. Conséquence, sa région de la Saskatchewan bordant les États-Unis, qui lui confère le statut de champion incontesté de la production mondiale de graines de moutarde s’en trouve handicapé. La production a de fait, cruellement chuté, se situant actuellement à 99 000 tonnes contre 135 000 un an plus tôt. Et ce chiffre devrait encore diminuer de 28 000 tonnes environ dans les six prochains mois, selon les prévisions des autorités canadiennes.
Exportation limitée
Afin de parer à une éventuelle pénurie de moutarde au plan local, le Canada qui fournit annuellement jusqu’à 70 000 tonnes de graines aux États-Unis, en Europe et ailleurs sur la planète, envisage sérieusement de restreindre ses exportations d’ici la fin de la campagne agricole. D’ores et déjà, l’Européenne de condiments, un des principaux clients du Canada et dont le stock alimente par ailleurs le marché français, a vu ses importations passer de 8 000 tonnes à 100 tonnes à peine, à en croire les chiffres de BFMTV.
Résultat des courses, la célèbre moutarde de Dijon qui contient à plus de 50% des graines venues du Canada devrait beaucoup manquer dans les rayons des supermarchés et autres grandes surfaces françaises, selon les acteurs du secteur. D’autant que la production tricolore a également baissé de 75% depuis 2016. La faute principalement aux insectes qui menacent les exploitations dans la région de Bourgogne.
Promouvoir la production nationale
À ce défaut de production des graines, s’ajoutent inévitablement de nouveaux impératifs de coûts. De 700 dollars canadiens en 2019, la tonne devrait passer à 1700 d’ici le terme de la campagne agricole.
Les acteurs français préconisent la mise en place d’une stratégie de renforcement de la production locale de graines afin de sortir de ce cercle vicieux. Mais pour cela, un accompagnement étatique est nécessaire.