Nosopharm, une startup nîmoise de biotechnologie, a décidé de s’attaquer à l’antibiorésistance, un problème majeur de santé publique. Elle prépare un antibiotique first-in-class qui cible les agents pathogènes à Gram négatif multirésistants, responsables des infections nosocomiales.
L’antibiorésistance est devenue une véritable source d’inquiétudes pour les autorités sanitaires. Elle ne fait que se renforcer au fil des années au point de figurer aujourd’hui partie les dix principales menaces pour la santé publique mondiale. Ce fléau a causé en 2019, soit avant la pandémie du nouveau coronavirus, la mort de 1,27 millions de personnes dans le monde. Et 59% de ces décès sont dus aux agents pathogènes à Gram négatif.
Hausse de l’antibiorésistance en France
Ces bactéries multirésistantes sont responsables des infections nosocomiales, contractées lors d’un séjour dans les hôpitaux. Selon la dernière enquête quinquennale de Santé publique France (SpF), ces infections ont augmenté de 14,7% en Hexagone entre 2017 et l’année dernière, après des baisses successives. L’agence sanitaire note également qu’environ un patient hospitalisé sur six a reçu un traitement antibiotique. Soit une hausse de 7,5% sur les cinq dernières années, à cause principalement de la pandémie du nouveau coronavirus. Cette augmentation témoigne de la montée en puissance de l’antibiorésistance.
Un vaccin à partir de bactéries très prometteuses
Pour enrayer cette mauvaise dynamique, Nosopharm, une entreprise de biotechnologie nîmoise, a conçu un traitement spécifique aux infections nosocomiales. Elle est l’une des rares R&D à s’attaquer à ce problème. Baptisé Noso-502, son antibiotique first-in-class se présente comme le premier candidat au stade clinique dans la nouvelle famille d’antibiotiques Odilorhabdines.
Il a été produit à partir de Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries sous-exploitées mais à fort potentiel pharmaceutique. Ces molécules démontrent une puissante activité antimicrobienne. Elles se distinguent par leur nuisibilité contre les autres microbes, mais pas contre le corps hôte.
Une efficacité prouvée contre les bactéries multirésistantes
D’après les conclusions d’études de toxicologie BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire), publiés en juin 2022, Noso-502 inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mécanisme d’action. Le vaccin a fait preuve d’une efficacité totale contre les entérobactéries multirésistantes (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp.), y compris les souches les plus problématiques. Ces résultats positifs permettent à Nosopharm de passer à la dernière phase du développement de son traitement, c’est-à-dire les essais cliniques chez l’Homme.
Nosopharm intègre la French Tech Health20
Cette étape décisive nécessite de lever des fonds conséquents et de signer des partenariats stratégiques publics/privés. En mars dernier, la startup nîmoise a été sélectionnée pour intégrer la French Tech Health20. Il s’agit d’un programme d’accompagnement des jeunes pousses françaises à fort potentiel d’innovation dans le domaine de la santé. Nosopharm pourra bénéficier d’une plus grande visibilité, via notamment la participation à des actions de diplomatie et à des évènements tech partout dans le monde. Le groupe aura ainsi l’occasion d’obtenir des financements et des collaborations.