Prévue comme un temps fort de la rentrée politique et sociale, la grève générale du 10 septembre, baptisée « Bloquons tout », pourrait ne plus avoir lieu ou du moins être amoindrie. François Bayrou, celui contre qui elle est en grande partie dirigée, a sollicité la confiance du Parlement. En cas de vote négatif, il sera poussé vers la démission, tout comme Emmanuel Macron.
Depuis quelques jours, des banderoles, des tags, des autocollants et des affiches sont visibles un peu partout en France, annonçant une grève citoyenne le 10 septembre. Baptisé « Bloquons tout le 10 septembre », ce mouvement est né en réaction à la volonté du Premier ministre François Bayrou de supprimer deux jours fériés et d’économiser 44 milliards d’euros dans le prochain budget.
Les initiateurs de la grève générale se méfient du ralliement des politiques
Portée au départ par un petit collectif de tendance souverainiste, « Les Essentiels », l’initiative est désormais soutenue et relayée par de très divers courants. Au premier rang desquels figurent les partis politiques de gauche (La France insoumise, le Parti socialiste, le PCF, les Écologistes). Côté syndicats, FO et la CGT ont plus ou moins apporté leur soutien à ce mouvement.
Le mouvement « Les Essentiels » est apparu sur les réseaux sociaux en juillet à l’annonce du budget 2026, mais remonte en mai quand des sympathisants de l’extrême droite ont créé leur cellule « Les Essentiels » pour s’opposer à la politique gouvernementale dès la rentrée politique. Les fondateurs du groupe disent se méfier de l’intrusion des politiques, quand ceux-ci souhaitent fédérer toutes les colères contre l’exécutif, quelles que soient leurs couleurs…
Pas besoin d’aimer LFI pour participer à la journée d’action du 10 septembre
La France Insoumise (LFI), qui avait pourtant pris ses distances avec les Gilets Jaunes, rejoint cette fois-ci la grève générale. Elle en a même fait une histoire personnelle, au point d’agacer certains. « On voulait donner de la force au mouvement et ça a plutôt réussi : depuis qu’on en parle c’est devenu un sujet médiatique de premier plan », répond le coordonnateur du parti Manuel Bompard. Son groupe politique ne veut pas s’aliéner les différences et ne demande pas aux autres de l’aimer, mais simplement de tous diriger leur colère, comme un faisceau, vers le gouvernement Bayrou. « Je comprends leur réticence. On ne va pas demander aux gens qui se mobilisent d’être d’accord avec LFI (…) le plan de Bayrou va l’emporter », a ajouté Bompard.
François Bayrou demande la confiance du Parlement
Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, espère lui que cette mobilisation aidera à faire tomber ce gouvernement décrié depuis plusieurs mois. Mais celui-ci pourrait être dissout peu avant la grève du 10 septembre. En effet, lors d’une conférence de presse donnée ce lundi pour faire le point des finances publiques et des mesures budgétaires controversées, François Bayrou a annoncé qu’il va demander la confiance du Parlement le 8 septembre, à l’occasion d’une session extraordinaire. Manuel Bompard a prévenu que LFI votera « pour faire tomber le gouvernement ». Le RN (Rassemblement national) de Marine Le Pen assure pour sa part qu’il fera de même, tout comme les Écologistes, qui parlent d’une démission de fait et d’une fuite en avant de Bayrou.
Vers une démission de François Bayrou avant le 10 septembre ?
Le Premier ministre voudrait se faire passer pour le grand incompris et éviter une censure honteuse. Quant au PS (Parti socialiste), il juge très probable de voter contre également. Son leader Olivier Faure entend faciliter la tâche au chef de Matignon en le poussant dans le précipice vers lequel il se dirige. Mais rien ne garantit que les socialistes et les élus d’extrême droite ne s’abstiendront pas, comme ils l’ont déjà fait ces derniers mois.
La Macronie (groupe Ensemble), elle, appelle à l’union sacrée pour obtenir la majorité et éviter que la France ne tombe sous la coupe du FMI, ce que redoute le ministre de l’Économie Éric Lombard. Les prochains jours seront décisifs pour le gouvernement Bayrou, qui vit peut-être ses derniers instants. En cas dissolution, le chef du MoDem devrait démissionner et peut-être aussi le président de la République Emmanuel Macron, comme le demande Jean-Luc Mélenchon.