C’est un coup dur pour le pouvoir d’achat des fumeurs. Le prix du paquet de cigarettes va encore augmenter, pour atteindre les 11 euros en 2024. Si le gouvernement estime que cette hausse permet de lutter contre le tabagisme, les fumeurs la jugent tout simplement « démagogique ».
L’inflation est là. Et elle n’épargne pas les fumeurs. Lundi 26 septembre, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé que le prix du paquet de cigarettes allait augmenter pour suivre l’inflation. Cette mesure s’inscrit dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui prévoit en effet que le prix moyen du paquet, fixé aujourd’hui à 10,15 euros, allait augmenter de « 50 centimes en 2033 et de 35 centimes en 2024 ». Résultat des courses : il faudra débourser 11 euros chez le buraliste d’ici deux ans. Le gouvernement indique agir dans le cadre de la lutte contre le tabagisme.
Une nouvelle qui n’est évidemment pas du goût des fumeurs, dont le pouvoir d’achat est déjà fragilisé dans un contexte de crise économique mondiale. Selon Laurine, qui fume un paquet par jour, l’idée de dépenser 11 euros tous les matins est difficilement acceptable. « Ça fait quand même cher. Je vais peut-être penser à fumer quelques paquets par mois plutôt qu’un par jour », estime-t-elle.
Si cette hausse du prix peut inciter à diminuer la consommation, beaucoup de fumeurs, qui ne peuvent pas arrêter pour autant, critiquent fermement cette annonce. « C’est démagogique. C’est juste aller chercher de l’argent chez des gens qui vont consommer », dénonce Catherine, une fumeuse régulière.
Même son de cloche pour Benjamin, couvreur dans le bâtiment, qui a déjà fait son propre arbitrage en temps de crise : « Je veux bien faire des efforts sur le gaz, l’électricité, sur la nourriture, mais pas sur la clope, c’est abusé ».
Le hausse des prix est une stratégie de lutte anti-tabac assumée de longue date par les pouvoirs publics français. L’objectif étant de baisser la prévalence du tabagisme sur le territoire, en dissuadant les fumeurs de continuer.
Pourtant, de nombreux spécialistes réfutent ce lien de causalité. D’après l’addictologue Pierre Rouzaud, la hausse du prix des cigarettes n’a jamais poussé les consommateurs à cesser de fumer. « Augmenter le prix ne sert à rien ou uniquement à augmenter les revenus liés au tabac. C’est-à-dire les cigarettiers qui vont faire du profit et surtout l’Etat qui gagne 80% sur le prix du paquet, 15 milliards dans l’année, c’est énorme », affirme ce docteur.
Au lendemain de l’annonce d’Elisabeth Borne, la présidente de Philip Morris France Jeanne Pollès était l’invitée d’RMC pour débattre de cette mesure. Elle a notamment précisé que ce sont bien les taxes qui vont être rehaussées, et non les prix des paquets.
« Le gouvernement a utilisé l’inflation pour augmenter les taxes. On ne parle donc pas de hausse des prix. C’est l’Etat qui augmente les taxes selon l’inflation en cours. Ce ne sont pas les prix qui vont augmenter de 50 centimes, mais les taxes qui vont augmenter de 50-70 centimes », précise-t-elle.
Cette dissuasion par l’argent a aussi comme conséquence de pousser les fumeurs à acheter leurs cigarettes en dehors des frontières, où elles sont 50% moins chères. Cette politique contraint également les consommateurs à se tourner vers les cigarettes contrefaites. Preuve en est, le marché noir du tabac ne cesse de progresser en France.