Le géant chinois des alternatives au tabac Elf Bar, fabricant de la cigarette électronique la plus utilisée (Elf Bar 600s) en Grande-Bretagne, risque de voir ce produit retiré des ventes après une enquête du Daily Mail révélant qu’il dépassait de loin le taux de nicotine maximum. Si Elf Bar indique avoir enfreint la loi « par inadvertance », les experts de la santé s’insurgent et rappellent que ce dispositif est utilisé illégalement par des dizaines de milliers de mineurs dans le pays.
« Nous présentons nos plus sincères excuses », voici le message diffusé le 6 février par Elf Bar à la suite d’analyses effectuées en laboratoires par le média britannique Daily Mail indiquant que sa gamme d’e-cigarettes « 600s » dépassait d’au moins 50% la limite légale de nicotine présente dans les e-liquides. Dans le détail, les tests ont révélé que la vape contenait entre 3 et 3,2ml alors que la quantité de liquide nicotinique est limitée à 2ml (teneur maximale de 2%) au Royaume-Uni.
D’après la réglementation de 2016 sur le tabac et les produits connexes, la limite de 2ml a été fixée pour créer un environnement protégeant les enfants contre l’utilisation de ces alternatives au tabac.
Ces résultats ont logiquement provoqué une levée de boucliers des acteurs de la santé britanniques qui mettent en garde contre le risque pour les mineurs utilisant illégalement cette cigarette électronique. La moitié des jeunes de 11 à 17 ans (environ 100 000 personnes), ont admis avoir utilisé l’Elf Bar 600s l’année dernière, selon une étude du groupe anti-tabac Ash.
Lancée en 2021, cette vape aux saveurs sucrées (Coca Cola, Barbe à papa…) et à l’emballage brillant est rapidement devenue la plus populaire auprès des consommateurs. 2,5 millions d’unités sont vendues chaque semaine dans les principaux supermarchés.
« Les données de l’enquête du Mail sont absolument choquantes et très inquiétantes. Il est terrible que les gens ne sachent pas ce qu’ils utilisent. Il est urgent de prendre des mesures contre ces vapes », a déclaré le professeur de pédiatrie à l’Imperial College de Londres Andrew Bush.
Mark Oates, le directeur du groupe de défense des consommateurs We Vape jugent également très inquiétantes les conclusions du Daily Mail et souligne des manquements à plusieurs niveaux. Au-delà des niveaux trop élevés d’e-liquide, il regrette l’insuffisance, voire l’absence de contrôles permettant de s’assurer que les directives sont suivies à la lettre.
« Toute personne fournissant des vapes sur le marché britannique devrait respecter la législation. Il est incroyablement frustrant que des acteurs majeurs de ce secteur se comportent d’une manière qui porte atteinte à la réputation d’un produit aussi bénéfique que le vaping et nous espérons que la Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) mènera une enquête approfondie sur cette affaire », a-t-il indiqué.
S’il a tout d’abord mis en doute la fiabilité des tests, en suggérant que les échantillons peuvent être contrefaits, Elf Bar a rapidement admis avoir involontairement enfreint la loi.
« Nous avons découvert que certains lots du produit Elf Bar ont été remplis de manière excessive au Royaume-Uni. Il semble que la taille des réservoirs d’e-liquide, qui est standard sur d’autres marchés [comme les États-Unis], ait été adaptée par inadvertance à certains de nos produits britanniques. Nous nous excusons sincèrement pour la gêne occasionnée », explique un porte-parole.
L’entreprise chinoise a ajouté qu’elle allait revoir son processus de production et alerter tous les détaillants. Bien que cette situation soit « hautement regrettable », elle ne compromettrait, toujours selon Elf Bar, en rien la sécurité des produits.
La chaîne de supermarchés britannique Tesco a réagi en retirant temporairement de la vente les Elf Bar 600s, « le temps que le fabricant enquête sur toutes ces allégations ».
Morrisons, un autre poids lourd de la distribution nationale, déclare prendre l’affaire très au sérieux : « Nous confirmons que nous travaillons en étroite collaboration avec Elf Bar et les services de contrôle des marchés pour approfondir l’enquête ».